Blandine a été volontaire à L'Arche en Anjou. Elle nous parle de la magie de L'Arche...
Je suis arrivée à L’Arche avec la simple mission de vivre avec des personnes accueillies. A L'Arche en Anjou, nous osons, comme dirait Angèle, "une vie simple". Et cette vie simple se retrouve dans toutes les dimensions de la vie : un repas simple, une petite fête simple, des relations simples…
Avant d’arriver, j’avais une vision du « simple » assez claire : un repas simple ? un plat de pâtes ; une fête simple ? 2 potes et une bière ; des relations simples ? les gens que j’ai choisi d’aimer !
4 ans après, je vois vous annoncer : ON VOUS MENT ! Un repas simple à L’Arche : c’est nourrir 15 personnes affamées après une journée de travail à la vigne, au Cèdre, en sous-traitance, dans les bureaux et, de manière équilibrée s’il vous plait, en respectant les règles des régimes de chacun, les goûts de chacun, en étant vigilant au plan de table, en veillant à l’ambiance de la table, à l’accueil de tous. On veillera aussi à mettre du chaud quand on a froid et du froid quand on a chaud, à ne pas manger trop tard, ni trop tôt et à laisser parler chacun !
Une fête d’anniversaire ? on met littéralement la personne à la porte ; on met une nappe ; on fait des animations ; on se change ; on se fait beau ; on cherche un cadeau ; on cuisine ; on accueille et chacun prend le temps de se creuser la cervelle pour trouver un compliment, un mot doux à la personne fêtée…
L’année dernière, lorsque l’on m’a proposé de m’investir dans la fête de la fidélité, la consigné était : un temps de célébration enlevée, où l’on retrace l’histoire de chacun. Au bout de 3 ans, je n’ai donc été qu’à moitié surprise de voir Hervé faire apparaître un arbre au milieu de la salle des fêtes de Vihiers, de construire un coffre d’où l’on pouvait faire sortir des enfants, d’investir une quinzaine de personnes pour jouer, gérer les musiques, les lumières, les décors…
Parlons des relations ! C’est également très simple : il suffit d’être vrai, de communiquer, mais de manière non violente, et de manière accessible : en Makaton, en pictogrammes… Il suffit d’accepter de partager son quotidien avec 12 autres personnes que vous n’avez qu’à moitié choisies, des personnes qui ont toutes une vision de la simplicité relative, qui ont des rêves, des projets, des envies, et surtout des sensibilités différentes de la vôtre.
Bref, la vie à L’Arche est loin d’être SIMPLE ! Pourtant, elle est loin d’être rude. Je ne sais quel mot je pourrais utiliser pour qualifier ce mélange de bienveillance et de folie ambiante : alors, je dirais qu’elle est MAGIQUE ! La magie de L’Arche, c’est un repas qui finit en bataille d’eau, c’est trouver au petit-déjeuner un croissant que Jean-Yves a acheté à la boulangère, c’est Jacques qui complimente le repas préparé avec attention en te disant : « tu devrais ouvrir un kébab ! » ! C’est tellement faire cuire les pâtes qu’elles ressemblent à de la purée et que tout le monde mange sans grimace.
La magie d’une fête à L’Arche, c’est le look : costard-chausson inauguré par David ! C’est inventer des animations assez folles pour faire passer des permis de brouette, mettre tout le monde en pyjama, c’est Bénédicte qui improvise un Ave Maria pour l’apéritif.
Et la magie des relations, c’est se surprendre à râler sur celui avec qui tu habites, oubliant son handicap, sa fragilité, son histoire, son humanité (entendez par là, celui qui, comme dirait Jean-Yves, est « casse burette »). Mais la magie passe aussi par le pardon. Merci Jean-Yves de m’avoir appris cela.
Alors, non, vraiment, mes 4 années à L’Arche n’ont pas été simples, elles ont été magiques ! Je n’aurai probablement pas le temps ni le courage de vous dire merci individuellement pour ce que vous m’avez apporté pendant ces années. Mais soyez assurés que, pour être ici, vous êtes loin d’être simples, vous êtes complètement fous ! Et c’est pour moi le plus beau compliment que l’on puisse faire. Alors, à chacun : merci pour ces beaux moments et un immense MERCI pour ces moments plus compliqués qui m’ont permis d’évoluer.
Je pars à L’Arche au Canada. Je suis pleine d’envies de découvertes et nostalgique de vous quitter. Je ne peux vous promettre de revenir bientôt, ni de vous écrire régulièrement, mais je vous promets d’essayer ! En attendant, restez simples, soyez fous !