Un stage sous le signe de la surprise pour Timothée*, étudiant en école de commerce à l'ESSEC, envoyé en "Expérience Terrain" dans un foyer de L'Arche.
"Il m’est bien difficile d’établir un rapport d’étonnement sur ce que j’ai vécu pendant un mois étant donné que tout ce que j’ai pu faire et tout ce que j’ai pu voir m’ont profondément surpris. Je m’exécute alors, de manière bien décevante, en évoquant seulement les points les plus importants.
Tout d’abord, je n’aurais jamais pu penser que l’on vivait si bien à L'Arche. Je m’attendais à quelque chose de difficile, quelque chose qui ressemblerait à un hôpital avec sa noirceur, sa tension et sa cantine dégoûtante. Je n’ai rien vu de tout cela à L’Arche.
J’ai tellement bien vécu mon expérience tant matériellement que spirituellement que je peine à communiquer ma joie d’avoir passé un mois à L'Arche. Tout d’abord parce que personne ne me croit, pour l’instant du moins (j’ai des photos et des vidéos à montrer, sortes de preuves de l’univers familial et reposant dans lequel j’ai pu évoluer). Aussi peut-être parce que j’ai du mal à y croire moi-même : ai-je véritablement vécu cette expérience terrain dont on m’avait tant souligné la difficulté ? A L’Arche, j’ai pris un kilo, je me suis fait des amis et j’ai passé de superbes moments. Je ne pensais pas que, venant au départ pour aider les autres, c’était moi-même que j’allais guérir. Je suis d’un naturel très anxieux. A L’Arche je me suis senti très bien, détendu, reposé, comme peut-être je ne l’avais pas été depuis longtemps. Indépendamment de moi, je ne pensais pas que les choses se passaient si bien à L’Arche. Je m’explique : l’ambiance du midi à l’atelier « Espaces verts » était tout simplement incroyable, on plaisantait, on s’amusait et on riait. Etait-ce bien cela mon travail ? Pour conclure sur ce premier point, je ne sais pas trop, en fin de compte, si mon stage était un stage difficile ou non. Certes il était prenant, nécessitait un engagement quotidien, mais j’ai véritablement nagé dans le bonheur et dans la joie, au milieu de personnes qui ont su me transmettre ce bonheur et cette joie.
La deuxième chose qui m’a surprise, moi jeune étudiant qui ne connaissait rien des organisations si ce n’est la difficulté de gérer les relations humaines, c’est l’adéquation entre le projet philosophique de Jean Vanier et les modalités de fonctionnement effectives de cette association qu’est l’Arche. A L’Arche, la réflexion est tout aussi importante que l’action. Certes il y a des insuffisances et des contradictions chez certains assistants. Mais d’une certaine manière, la pensée de Jean Vanier m’est apparue comme très importante. J’ai retrouvé ses livres dans le quotidien de beaucoup d’assistants, tout comme ses réflexions dans la bouche de beaucoup de ces derniers. Surtout j’ai été impressionné par la recherche de sens présente chez de nombreux assistants de L’Arche. Presque tous cherchent à réfléchir, à avancer et à progresser. J’ai aimé les discussions que j’ai pu avoir avec ces assistants, heureux de me recevoir car ils savaient que j’avais pu faire de grandes études. Certains m’ont même invité chez eux ! J’ai aimé voir qu’ici la réflexion guidait l’action au quotidien.
Ces deux points, le bonheur et la bonne humeur ambiants ainsi que la place prééminente conférée au philosophique, sont certainement ce qui a le plus profondément étonné et marqué le jeune étudiant que je suis, assistant pour un mois à L’Arche et ravi d’avoir pu connaître cette expérience."
*le prénom a été modifié